Un sportif fait son activité pour le résultat, en général
la performance: il est redevable de réussir un résultat
à
ses yeux, ou aux yeux des autres qui l'admirent, le nourrissent, l'aiment:
la motivation de son acte est alors de devoir faire.
Devoir faire n'est pas du tout la même chose que d'aimer le faire..
C'est une contrainte.. une obligation avec une peur: celle d'échouer,
d'être humilié, de ne pas être à la hauteur..
de perdre.
Le sportif a généralement besoin d'afficher qu'il est bien un sportif: il a une tenue qui se voit: il n'est plus "quelqu'un" mais un "jogger", un "coureur", un "cycliste".
L'attitude sportive peut s'étendre à celui qui doute de
son droit à vivre et qui se dit toujours, à chaque instant:
"Je ne suis pas sur terre pour ne rien faire"..
Il est sur terre pour avoir sa médaille du mérite qui donne un avis favorable pour son tribunal intérieur.
Mais aussitôt le résultat de ses actes obtenus, il ne se détend pas car il doit continuer à devoir faire.
Un fond de doute pousse alors à faire toujours mieux, toujours
plus, mais en s'oubliant soi, par ce que dans cette logique, juste profiter
de la vie et de ses acquis n'est pas exister... et c'est aussi s'ennuyer
quand il n'y pas une nouvelle médaille du mérite (une obligation)
à récolter, car si il n'y pas de combat à faire, alors,
il n'y rien à faire et le plaisir sans rien faire ne se mérite
pas.
La vie.. c'est du sport... vraiment... on est d'ailleurs dans
des pays qui oeuvrent à parfaire leur compétitivité!
Le non sportif qui aime vivre au temps présent bouge avec son corps par ce qu'il AIME plus fondamentalement les sensations que lui procurent cette activité: il est bien plus égocentrique, à l'écoute de ses sensations, de ses sens.. et fait ça rien que pour lui, pour VIVRE ses perceptions.
Il est sur terre pour VIVRE et être heureux.., sans pour autant
être obligé (car s'obliger à être
heureux est encore souffrir de ne pas vivre!). Il ne s'affiche pas,
il préférera des vêtements adaptés mais qui
justement, ne sont pas ostentatoires...
Il ne cherche pas à faire une performance, ni à faire
ce que c'est "bien", mais fait ce que ça
lui fait du bien... En tel cas avoir un corps athlétique qui
ne fatigue pas à l'effort est un indéniable moyen de jouir
de la vie.
Alors il peut exceller en performance
par ce qu'il ajuste sa respiration, et tout paramètre, en recherchant
les sensations les plus positives qui font que du coup, le corps s'adapte
mieux à un effort qui est vécu comme un plaisir.
Le bon équilibre est trouvé quand le bénéfice
secondaire est utile (déplacement, travail physique, performance).
Il y a déséquilibre quand il faut agir par survie, quand
on est "dans la course", non pas seulement l'obligation
matérielle, mais celle plus inconsciente d'être quelqu'un
conforme à un idéal imposé, et qu'il faut sans cesse
se prouver quelque chose..
Vivre sans avoir à prouver sa performance, c'est obtenir que
ce qui était justement... du sport, au propre ou au figuré,
ça ne soit plus... du sport!